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    Résumé du précédent chapitre : nos deux amants, incommodés par une forte odeur de gaz, quittent le bus numéro 17

    Les femmes aiment à entendre dire qu'on les aime. On ne le fait jamais assez. Elles vivent dans la romance, la séduction. Elles désirent capter le regard, solliciter toute attention, aimanter les sentiments. C'est inscrit dans leur nature et dans le bon déroulement des séquences chromosomiques. Elles sont le gouffre en lequel nous devons plonger, l'humide abîme où nous perdre. Dieu les a faites ainsi, lui qui ne leur a pas donné de bite.

    Nous allions et je songeais à l'intensité de mon amour pour ce petit être adoré. Je la pressais doucement contre moi, sentant frémir un cœur sous sa minijupe.

    Le bus nous avait laissés à la préfecture. Nous passions main dans la main devant le commissariat et ce décor romantique ne fut pas pour rien en ma décision. Je lui devais ma déclaration. Ah, comme elle était digne de cet amour pur. Je l'invitais à s'asseoir sous un abribus. Monsieur Decaux, ils ont du en entendre, des histoires romantiques, ces abris qui ont fait votre fortune...

    Je me blottis à ses pieds, accroupi, le visage à hauteur de l'antre du bonheur, ses mains dans les miennes, son rachis lombaire contre le plan de la ville, son coccyx bien en place, son intestin, du moins l'espérais je, enfin apaisé.

    Je frissonnais, pensant à Beaudelaire, à Roméo et Juliette, à Marge et Homer, à Renoir, à Ophuls, aux Pixies et à Clara Morgane. Les mots me manquaient. L'amour étouffait mes raisonnements et je ne trouvais rien qui pût convenir. Le moment était unique, nous le ressentions bien tous les deux. Nous étions à X moins une seconde du décollage. Il fallait que cela vienne, que jaillissent les phrases tendres, les déclarations définitives d'intentions pures. Il les fallait ces mots. Je me serais damné pour les obtenir et posséder en l'instant la verve des grands poètes. Et puis mes genoux ne pouvaient en supporter d'avantage.

    Elle souriait avec délicatesse, pressant par instant la paume de mes mains.

    « Tu es jolie, le sais tu, quand ce coquin regard bleu ensoleille ton visage. »

    Elle rougit, désarmée par mon audace.

    « Oh Gneugneu... Tu es ... »

    Elle aussi avait la gorge nouée d'émotion. Elle aussi était rendue muette par l'amour, ce divin poison qui interdit que l'on s'intéressa à tout ce qui n'est pas l'être adoré.

    « Lulu ...

    « Mon amour ?

    « Depuis notre rencontre, depuis la première infime fraction de la première seconde...

    « J

    « J'ai besoin de te dire, avant l'apocalypse

    « Hum

    « Dont personne en fait ne sait la date précise

    « .... »

    Ah Dieu, un peu d'aide, priais je en moi même. Donne moi la force et les arguments, que mes sentiments transparaissent dans toute la pureté qui est leur.

    Je levais les yeux au ciel. Derrière moi, plusieurs couples d'amoureux attendaient leur tour. Je ne pouvais plus décemment m'accaparer encore l'espace public. J'allais renoncer quand vint l'étincelle. Un couple est fait de deux êtres qui joignent leurs forces pour aller plus avant dans la vie, armés de la puissance de l'amour

    « Gneugnueu, est ce que tu m'aimes ? C'est cela n'est ce pas ? »

     Je frissonnais : ah, comme elle était perspicace. Mais n'allait elle pas me rejeter, éloigner cet amour peut être trop pesant pour elle ?

    « Je t'aime moi aussi, soupira t elle, comme jamais avant. »

    Délivré.

    « Oh ma douce, ma passion, mon cœur, ma tartine au beurre ET au Nutela.

    « Mon homme, mon définitif amant. Comme avec toi la vie me paraît légère. Tu me donnes l'impression de planer au dessus la vie. Je nous aperçois, tous deux, depuis le ciel. Notre amour auréole et noie de lumière tout ce qui nous entoure. Je voudrais que nous ne soyons plus qu'un sur le sentier de l'existence. J'aimerais te serrer contre moi jusqu'à ce que tu disparaisses. Et faire glisser ta bite contre mes amygdales et te fourrant un bon doigt dans le cul. »

    J'en fus sidéré. Nous vibrions à l'unisson. C'était grandiose merveilleux, plein d'espérance et de promesses. Ainsi, elle avait toujours ses amygdales.

     

    Concernant le doigt par contre, je n'étais pas sûr d'apprécier qu‘elle l'utilisa de la sorte. Enfin, s'il fallait en passer par là. Aimer, c'est apprendre à partager, à tout partager... Mais bon, spontanément, comme ça, ça me paraissait être un sujet à débattre....

     

    Stop. Fin de l'épisode.

     

    Ah, vous saurez, ne vous inquiétez pas.

     

    La suite à la prochaine page..


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